Copé accuse : «La gauche interdit que l’on débatte de l’immigration ou de l’islam»
Si les déclarations de Manuel Valls sur l’Islam et l’immigration ont jeté lundi un «froid polaire» sur ses camarades socialistes, Jean-François Copé l’en féliciterait presque ce mardi matin.
La veille, tous les ministres s’étaient pliés à l’exercice imposé par le Président François Hollande et avaient partagé à l’Elysée leur vision plus ou moins idyllique de la «France de 2025».
De quoisusciter railleries et boutades de l’opposition.
Le ministre de l’Intérieur, lui, avait plutôt suscité la polémique, à peine remis de sa précédente avec la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Selon Manuel Valls, il faut en effet mener une «réflexion» sur le flux migratoire de population venant notamment d’Afrique, où la «démographie est très importante» et où les familles sont donc nombreuses.
Cela «change le rapport à ce continent avec qui il faut réinventer un partenariat», précisait lundi soir le ministre de l’Intérieur auprès du «Parisien – Aujourd’hui en France».
Selon lui, la question du regroupement familial pourrait être revu.
«C’est un sujet que j’évoque depuis longtemps»
«C’est un sujet que j’évoque depuis longtemps et j’ai été très insulté par des responsables de gauche qui refusent de voir la réalité», réagit ce mardi Jean-François Copé sur RTL.
«Valls, l’a fait, très bien !
Mais quand on est au gouvernement, on n’est pas là simplement pour dire qu’il y a un problème, on est là pour proposer des solutions», enchaîne-t-il.
«Il y a aujourd’hui des dérives, elles doivent être combattues. [...]
Maintenant, c’est de François Hollande que l’on attend des réponses», lance le chef de l’opposition.
«Celui qui est en face de vous, c’est celui qui a dissout des groupes d’extrême droite», répond ce mardi matin Manuel Valls sur BFM-TV et RMC , lorsque le journaliste Jean-Jacques Bourdin lui rappelle la petite phrase du co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon : «Marine Le Pen a contaminé Manuel Valls».
Pour autant, le ministre de l’Intérieur ne souhaite pas s’interdire une réflexion à long terme sur l’immigration.
Les ministres tentent de tempérer
Dans les rangs des ministres, la surprise a laissé place à la communication.
«Il n’y a pas de problème Manuel Valls.
Il y a des solutions à apporter aux Français de manière collective sur tous les sujets dont chaque ministre est chargé», affirme le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, ce mardi matin, sur Europe 1.
«Il y a un ministre de l’Intérieur qui est un homme politique, qui avait été candidat à la primaire (socialiste) et qui fait son travail et qui fait de la politique sur des sujets qui le concernent», poursuit-il.
«C’est normal de se poser la question de l’immigration.
Dans dix ans, il y aura une immigration mais celle-ci doit être maitrisé et humaine», tempère à son tour le ministre du Travail Michel Sapin.
Il n’y a «pas d’opposition entre islam et démocratie», rassure-t-il sur France info.
La veille, Manuel Valls assurait que «la France et l’Europe doivent démontrer que cette religion, à qui l’on demande de faire ce que d’autres ont fait en plusieurs siècles, est compatible avec la démocratie».
Valls dénonce la fuite de «propos déformés»
Questionné par BFM TV sur la fuite de ses propos concernant la politique migratoire, Manuel Valls a jugé «gênant» qu’il y ait «ce genre d’informations, de propos déformés, qui sortent du Conseil des ministres et qui ne cherchent qu’à nuire».
«Je suis très gêné par votre question, parce que moi je suis très respectueux du secret des discussions que nous avons au sein des réunions de ministres ou du Conseil des ministres», avait-il glissé un peu plus tôt.
«Ça m’oblige à dire ce que j’ai pu dire précisément au sein du Conseil des ministres.»
Et d’embrayer sur le fond :
«J’ai dit, ce n’est pas la première fois et je ne suis pas le seul à le dire, qu’il faut rebâtir un partenariat avec l’Afrique, notamment sur la question migratoire», a-t-il admis, appelant à «tirer toutes les conséquences» de l’augmentation de la population mondiale, africaine en particulier.
«C’est l’ensemble de nos politiques migratoires qui devront être questionnées pour la France et pour l’Europe, et notamment sur le bassin méditerranéen. Toutes les questions seront posées et (…) parmi d’autres la question du regroupement familial peut être posée», a poursuivi le ministre de l’Intérieur.
http://www.leparisien.fr du 21/08/2013